lundi, mars 17, 2008

Comment évaluer Bear Stearns (et maximiser sa valeur)?

Je ne peux qu'être fasciné par l'implosion de Bear Stearns; sa vitesse, son ampleur. Voici quelques commentaires qui me viennent à l'esprit au fur et à mesure que je lis sur ce dossier. D'abord, dites-moi comment JP Morgan a pu mener une vérification diligente en trois (3) jours pour fixer le prix, et ce, essentiellement durant le week-end? Ensuite, est-ce le "deal" du siècle? Après tout le siège social de Bear Stearns à New York vaut à lui seul plus de 1G$, alors que JP Morgan paye environ 236M$ pour la société. Il est vrai qu'il y a des subtilités dans la propriété de cet immeuble, mais tout de même... Troisièmement, comme le rapportait le Blog Deal Journal du Wall Street Journal, avec 236M$ on s'achetait jusqu'à récemment... 4 hauts dirigeants de Bear Stearns. Vous avez bien lu:
That’s right, for the same money that can get you the all-star investment-banking team of Lloyd Blankfein, Gary Cohn, Jon Winkelried and David Viniar, you can buy Bear Stearns (at least you can if you have the backing of the Federal Reserve) and still have $34 million left over for seed money.

SEC filings show the compensation of Lloyd Blankfein at $70.3 million, President Gary Cohn at $72.5 million, Jon Winkelried at $71.4 million, and Chief Financial Officer David Viniar at $58.4 million. All together: $272.6 million.
Dans ce contexte, il n'est pas surprenant que de nombreux actionnaires de Bear Stearns soient mécontents des conditions de la transaction, au point de menacer de voter contre. À un tel point que le cours du titre se maintien à plus de 4$, alors que l'offre de JP Morgan se situe à 2$. Les actionnaires semblent enclins - pour l'instant - à jouer à tout ou rien en se disant que dans le pire des cas, lors d'une liquidation de la société, ils pourraient obtenir au moins l'équivalent de l'offre de JP Morgan. C'est ce que rapportait le Wall Street Journal dans Though 'Arbs' Say Otherwise, $2 May Be It, en citant un arbitragiste:

"If you're a shareholder, why not make some noise and see if J.P. Morgan raises its offer or roll the dice and take your risk in bankruptcy?" said one arbitrage trader. "They're stealing the company. What do you have to lose?"

Est-ce à dire que les administrateurs ont contrevenu à leurs obligations? N'oublions pas que Bear Stearns est constituée au Delaware et qu'à partir du moment où les administrateurs ont décidé de vendre la société, ils étaient alors soumis aux devoirs Revlon qui exigent qu'ils maximisent la valeur pour les actionnaires. Dans un communiqué, le chef de la direction de Bear Stearns fait valoir que la décision de vendre à JP Morgan est dans le meilleur intérêt de toutes les parties prenantes de la société. Est-ce compatible avec le mode Revlon? Est-ce que le fait que l'option autrement était l'insolvabilité change quelque chose aux devoirs Revlon, alors que l'insolvabilité aurait été un meilleur choix pour les actionnaires?

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