mardi, mai 15, 2012

Finance et régulation : une longue histoire

Le Monde.fr, 30 avril 2012 - Bonjour à toutes et à tous, voilà un bel article du qotidien Le Monde de Pierre-Cyrille Hautcoeur intitulé "La finance ne s'est jamais régulée toute seule".
Près de 50 % des électeurs, lors du premier tour de l'élection présidentielle, ont remis en cause les deux grands partis de gouvernement au nom de leur rôle dans la mondialisation, en particulier financière. Pourquoi la mondialisation et la finance, considérées par nombre d'économistes comme utiles au développement, suscitent-elles tant d'hostilité dans un électorat aussi large que divers ? La mondialisation fait des bénéficiaires mais aussi des victimes - tous ceux dont l'activité est délocalisée ou susceptible de l'être et qui doivent consentir d'énormes efforts pour maintenir leur niveau de vie. Si, en théorie économique, le gain des premiers est plus que suffisant pour compenser les pertes des autres, en pratique cette redistribution n'a pas eu lieu. Depuis trente ans, dans tous les pays européens et en particulier en France, les élites insérées dans la mondialisation et qui en tirent profit n'ont pas vu leur part des impôts augmenter. Pis, la mondialisation financière (et la libéralisation qui la conditionne) permet à ces élites de masquer leurs gains dans des proportions inimaginables pour les salariés ordinaires, dont pas 1 euro de revenu n'échappe à l'oeil du fisc. Les professionnels de la finance, qui organisent la circulation internationale des capitaux, sont les premiers bénéficiaires de la mondialisation, et les premiers responsables des abus qui en résultent. Du fait de leurs gains considérables, ils ont corrompu ou convaincu des hommes politiques de droite comme de gauche, des journalistes et des économistes stipendiés. Même repérés, ils bénéficient de protections, des lacunes de la loi ou de la complaisance de certains tribunaux. Cette situation n'est pas si nouvelle : les années 1880 et 1930 ont déjà vu la montée d'une opinion publique nationaliste, hostile à la mondialisation et la finance parisienne, nostalgique d'une économie révolue et à la recherche d'un sauveur. Lire ici la suite.
La conclusion de cette synthèse est intéressante : "Si l'on veut éviter aujourd'hui un succès croissant des discours révolutionnaires aux deux extrêmes de l'échiquier politique, avec les risques de violence civile qui l'accompagnent, un nouveau président de la République doit mener la France et l'Europe vers une vraie politique de protection des épargnants, de surveillance systématique des opérations financières, de mise au pas des géants bancaires et des paradis fiscaux. Il doit être exemplaire et donner à la justice les moyens de sanctionner les dérives de la finance et la corruption des politiques. Il doit enfin veiller à ce que les gagnants de la mondialisation, qui en général seraient incapables de gagner autant ailleurs qu'en France, y paient une juste contribution au bien commun, qui est aussi le leur".
A la prochaine...

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