mardi, juin 12, 2007

La rémunération des dirigeants et les promesses de la démocratie corporative

Décidémment, l'ensemble des tenants du "Say on Pay" se sont donnés rendez-vous cette semaine pour faire la promotion de cette réforme visant à donner plus de poids aux actionnaires dans le processus de détermination de la rémunération des dirigeants.

D'abord, dans son numéro de la semaine dernière, The Economist avait un article intitulé "Hail, shareholder!" qui faisait état de l'intensification des interventions des investisseurs activistes auprès des sociétés ouvertes américaines. L'article pointait notamment les récentes interventions chez Verizon et Blockbuster (auxquelles il faut ajouter Ingersoll-Rand et Motorola) qui ont mené à l'approbation de résolutions prévoyant la consultation des actionnaires sur la rémunération des dirigeants. L'article concluait de manière nuancée sur le rôle de la démocratie corporative: "If shareholders are able to elect directors and hold them properly accountable for their performance, then they should be more willing to let them get on with the job."

Lundi dernier, le Report on Business du Globe and Mail publiait deux articles sur la question. Dans New big thing could put brakes on CEO pay, Courtney Pratt présentait une opinion optimiste de l'impact des nouvelles règles de divulgation de la rémunération des dirigeants proposées par les Autorités canadiennes en valeurs mobilières. En même temps, il semblait préconiser le maintien de l'autorité décisionnelle entre les mains du conseil d'administration relativement aux questions de rémunération. La page suivante, Say on pay fight heads north, Janet MacFarland présentait ce mouvement qui gagnait en appui au Canada, après son développement aux États-Unis. À juste titre, l'article souligne que le Royaume-Uni et l'Australie ont déjà introduit des dispositions exigeant la consultation des actionnaires en ce qui concerne la rémunération des dirigeants.

Pour ma part, je demeure pour l'instant perplexe quant à l'impact d'une consultation des actionnaires relativement à la rémunération des dirigeants. Au moins deux éléments expliquent cette perplexité: 1) les actionnaires n'ont pas de devoir à l'égard de la société: ils exercent leur droit de vote dans leur intérêt qui peut être différent de celui de la société; 2) les actionnaires sont généralement passifs et seul un petit groupe intervient dans la prise de décision; or, ce petit groupe ne représente pas nécessairement l'intérêt de la société.

C'est donc avec intérêt que je vais lire le Rapport du comité d'expert de l'Institut des administrateurs de sociétés sur la gouvernance de la rémunération des dirigeants au Canada qui vient d'être publié (voir ici). La lecture du sommaire indique que l'on préconise une autre approche, centrée sur le renforcement du conseil et du comité de rémunération. Dans une prochaine chronique, je ferai état davantage du contenu.

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