Décidément, la rémunération des dirigeants d'entreprise fait couler beaucoup (et beaucoup) d'encre. Je signale ces quelques articles et synthèses (concernant la situation française et européenne) publiés aujourd'hui par le journal les échos.fr qui, je suis sûr, intéresseront toutes nos lectrices et nos lecteurs :
- "Le salaire de l'échec" de P. Escande : chronique bien éclairante dont je conserve cette réflexion les dirigeants "n'ont peut-être pas tous failli comme les banquiers de Wall Street, mais méritent-ils pour autant de tels émoluments ? L'idée d'origine était d'attirer les meilleurs et de les motiver en alignant leurs rémunérations sur la progression de la Bourse. Avec son effondrement et la ruine des actionnaires, le mythe du patron tout-puissant a vécu" ;
- "Les spécialistes des rémunérations partagés" de M. Jasor : opinion des spécialistes en la matière qui souligne que "la structure de rémunération des acteurs du « front office » (traders, etc.) doit être modifiée" ;
- "L'Allemagne et les Pays-Bas les plus en pointe en Europe" : article qui met en lumière le contexte européen dans une idée de comparaison ;
- "Rémunérations des patrons : Parisot contre un pouvoir de décision de l'Etat" de L. Parisot. Contrairement à mon habitude, je prendrais quelques minutes pour réagir et donner mon sentiment sur cette prise de position. Dans cet article, la présidente du MEDEF milite pour une autorégulation. Toutefois, je m'étonne de cette attitude (qui est une constante) pour plusieurs raisons. Doit-on souligner que si le droit n'est pas la seule réponse à la crise, il est une des réponses qui ne doit en aucun cas être minimisée. Pourquoi, la régulation se poserait-elle de manière globale (il n'est qu'à constater les discussions menées à tous les niveaux en France et dans le monde) et non pour la rémunération des patrons ? Certes, un code de gouvernance existe, mais ce n'est qu'un code avec une valeur juridique bien incertaine (valeur propre d'ailleurs à ces instruments innovants apparus depuis le milieu des années 1990). De tels codes ont-ils d'ailleurs empêché les scandales survenus (il en existaient avant 2008 et les scandales sont apparus malgré tout) ? En outre, les théories de gestion les plus modernes ne tendent-elles pas à remettre en cause la vision du "patron tout puissant" et les écrits économiques les plus récents ne démontrent-elles pas que le niveau de rémunération est de moins en moins fondée (l'alignement sur les actionnaires par le biais des stock-options ne doit-il pas interpeller dans le contexte du développement durable et du changement de visage des entreprises ?) ? Par ailleurs, qui croit encore dans les idées du marché de l'emploi des dirigeants, alors que le marché des dirigeants est si fermé et réservé à certains (du moins, en France) ? Enfin, alors que le monde du business parle d'éthique, est-il éthique que les rémunérations des dirigeants aient été si importantes ces dernières années (et qu'elles continuent de l'être), alors qu'aujourd'hui ce sont les comportements de ces acteurs de marché que sont les dirigeants d'entreprise qui ont amené à la crise ? La mémoire humaine est décidément trop courte ...
A la prochaine ...
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