samedi, mai 07, 2011

Les entreprises, les crises et le principe de réalité

C'est sous ce titre que vous pourrez lire cette intéressante analyse (ici) publiée par M. Lauer dans les colonnes du quotidien Le Monde.fr.

Résumé : Les situations de crise sont devenues consubstantielles de la vie des entreprises. Ces derniers mois, les cas d'école se sont succédé à un rythme qui a de quoi donner le tournis. Qu'on en juge : Toyota, champion mondial de la qualité, a connu de graves défauts de fiabilité sur certains de ses modèles, obligeant le constructeur japonais à rappeler plusieurs millions de voitures. Le logo en forme de petite fleur verte du pétrolier britannique BP est devenu en quelques jours le symbole de la plus importante marée noire de l'histoire après l'explosion d'une de ses plates-formes dans le golfe du Mexique. Un trader isolé de la Société générale, Jérôme Kerviel, a pu faire vaciller l'une des grandes banques françaises et entraîné la démission de son PDG. L'électricien japonais Tepco, quatrième producteur mondial d'électricité nucléaire, est tombé de son piédestal après sa gestion calamiteuse de la catastrophe de Fukushima. Il y a quelques jours, le géant japonais de l'électronique Sony a été victime de cyber-attaques sur son PlayStation Network (PSN), son réseau mondial de jeux en ligne qui compte 77 millions de membres. Conséquences : données personnelles et bancaires des clients envolées et réputation durablement ternie. Plus près de nous, une sombre histoire d'escroquerie maquillée en affaire d'espionnage a jeté une ombre sur le management de Renault. A priori, une liste à la Prévert de crises sans liens les unes avec les autres. Pourtant, on ne peut être que saisi par l'augmentation de la fréquence de ce type d'événements. Le sociologue allemand Ulrich Beck avait théorisé cette évolution dès 1986 dans La Société du risque : en apportant leur lot de complexité, les progrès technologiques augmentent les risques de défaillance et donc de crise, soulignait-il. Le nucléaire ou l'informatique ont, par exemple, constitué des ruptures technologiques majeures et incontestables. Mais ces avancées ont pour corollaire une augmentation du potentiel de risque. (...). Thierry Libaert, professeur à l'université de Louvain et auteur de La Communication de crise (Dunod, 2010), souligne un autre aspect de la déconnexion des entreprises avec la réalité : "Celles-ci ont de plus en plus le réflexe, en cas de crise, de s'adresser en priorité aux marchés financiers, qui priment sur tous les autres publics, qui sont trop souvent négligés." Or l'expérience montre que de tous les périls, la dégringolade du cours de Bourse n'est pas forcément le plus grave. Certes, une OPA, qui pourrait intervenir à la suite d'une crise, constitue un vrai risque. Mais la prise en compte de l'impact de celle-ci sur les clients, les salariés, les pouvoirs publics ou les citoyens est parfois bien plus cruciale pour la pérennité de l'entreprise.

Permettez-moi une réflexion : ne serait-ce pas rappelé tout simplement que le marché n'est pas un "Dieu" ? ... ce que les évolutions européennes (la loi Grenelle II en France, la modification de la directive fonds propres, ...) et nord-américaines (le Dodd-Franck Act, ...) en faveur d'une RSE - entendue lato sensu - viennent de rappeler en faisant intervenir ce bon vieux outil qu'est la norme juridique !


A la prochaine ...

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