lundi, juin 04, 2012

L'assemblée générale d'Air France rejette la prime de son ex-DG

Le Monde.fr, 31 mai 2012 - Intéressant cas d'actionnivisme actionnarial chez Air France et, en plus, en matière de rémunération. Et dire que dans un précédent papier j'ai prétendu que l'activisme des actionnaires en ce domaine ressemblait davantage à un mythe (I. Tchotourian, "Une décennie d’excès des dirigeants en matière de rémunération Repenser la répartition des pouvoirs dans l’entreprise : une solution per se porteuse de risques", ici). Il est également pertinent de relever que le second cas se rapproche d'une fonction particulière de l'Etat : l'Etat-actionnaire et responsable ! A ce propos, je vous rappelle qu'une de mes précédentes études (I. Tchotourian, "Et si on parlait d'autre chose que du conseil d'administration et des actionnaires ?") a porté précisément sur le rôle de l'Etat dans la gouvernance des entreprises et que ce papier sera un chapitrfe de livre publié très bientôt par les éditions Thémis de l'université de Montréal.

1. L'assemblée générale d'Air France-KLM a refusé à une écrasante majorité (78,8 %), jeudi 31 mai, de valider la prime de 400 000 euros versée à l'ancien directeur général du groupe. Seuls 19,4 % des actionnaires ont voté pour, et un peu plus de 1 % se sont abstenus. Le président d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, a précisé un peu plus tôt que le rejet de cette prime n'impliquerait pas son remboursement par l'ex-DG. "Le code du commerce est d'une très grande clarté" à ce sujet, a-t-il souligné. Il a expliqué que le paquet de 1,5 million d'euros, incluant une prime de 400 000 euros en échange d'une clause de non-concurrence de trois ans, avait été accordé pour "compenser le caractère imprévisible" du départ de M. Gourgeon, en octobre 2011. Il a aussi défendu le principe de la clause négociée avec M. Gourgeon, estimant qu'elle avait "été décidée de façon raisonnable, de bon droit et qu'elle a protégé l'entreprise". Il a indiqué que l'ancien directeur général, âgé de 66 ans, avait déjà dû s'y conformer, alors qu'il avait été "approché par une compagnie du Golfe". Mais son argumentaire n'a visiblement pas convaincu les actionnaires, qui n'ont pas hésité à le huer pendant l'assemblée générale. M. Spinetta s'est par ailleurs engagé devant les actionnaires à ne pas demander pour lui-même de rémunération exceptionnelle en cas de départ. Lire la suite ici.

2. Ajoutons à ce premier cas chères lectrices et chers lecteurs, un second. L'assemblée générale de Safran a refusé jeudi 31 mai d'accorder un parachute doré et une retraite chapeau au PDG de l'équipementier aéronautique et de défense. L'Etat, qui détient environ 30 % des droits de vote, s'y est opposé. Le taux de présence des actionnaires, qui n'a pas dépassé les 75 %, a mathématiquement permis au vote de l'Etat de l'emporter. Le ministère de l'économie a confirmé à l'AFP avoir donné instruction aux représentants de l'Etat de voter contre ces deux propositions. La première, rejetée à 55,25 %, prévoyait le versement d'une "indemnité d'un montant équivalent à deux années de rémunération fixe et variable" en cas de "cessation anticipée" du mandat du PDG, Jean-Paul Herteman, "pour quelque cause que ce soit, sauf faute grave ou lourde". Cette disposition avait été adoptée "à l'unanimité" par les 15 membres du conseil d'administration, qui compte quatre représentants de l'Etat, le 21 avril 2011, après un changement de gouvernance qui avait vu M. Herteman passer de président du directoire à PDG. Lire la suite ici.

A la prochaine...

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