jeudi, janvier 07, 2010

Controverse sur la rémunération des hauts dirigeants canadiens

Cette semaine a été marquée par la publication des résultats d'une étude du Centre canadien de politiques alternatives sur la rémunération des hauts dirigeants canadiens (voir ici). La moyenne de la rémunération des 100 dirigeants les mieux payés est de 7,3M$ (la liste ici). Ces données ont fait bondir les critiques, dont Gérard Bérubé du Devoir:
Donc, les dirigeants des 100 plus importantes entreprises canadiennes inscrites en Bourse ont touché une rémunération moyenne de 7,4 millions en 2008, année de récession. Soit 174 fois plus que celle du travailleur canadien moyen à temps plein. Et ce calcul suppose une évaluation des options d'achat d'actions consenties à ces dirigeants après une contraction boursière de 40 % survenue à l'automne 2008. Si l'on refaisait le calcul aujourd'hui, après le rebond de 65 % des principaux indices boursiers depuis mars...
Dans un éditorial, le Globe and Mail nuance toutefois ces critiques en soulignant qu'il faut aussi regarder l'autre dimension (toute aussi préoccupante) de ces résultats: le déclin du niveau de vie des canadiens
A declining standard of living for the average Canadian is a matter of concern to all Canadians. The solution will include greater access to education and skills development, and policies that help to keep value-added, high-paying jobs in Canada, and help keep them being generated here. Outrage about executive pay, and ham-handed attempts to claw it back that would yield little actual revenue, may ultimately deter economic growth; they are clearly not the answer.
À nouveau, ces résultats suggèrent qu'il y a un problème avec la rémunération des dirigeants. S'il y a un consensus, là-dessus, plus difficile de trouver LA solution, comme le reconnaît Bérubé:
L'histoire de la dernière décennie, qui comprend les scandales financiers à la Enron du début des années 2000, nous enseigne que toute tentative de mettre un terme à cette rémunération honteuse s'est traduite par une rémunération toujours plus ingénieuse, et plus stratosphérique

Que faire? Recourir à une fiscalité dissuasive pour toute rémunération jugée excessive? Il reviendra alors à l'entreprise d'encaisser le coup puisqu'une attention plus grande sera portée sur la rémunération nette offerte au dirigeant. Et l'on se heurtera toujours aux limites imposées par les distinctions entre l'implication de fonds publics ou de capitaux privés. Sans oublier que dans ce dernier cas, la problématique change selon que l'entreprise repose sur un actionnariat diffus, qu'elle est sous l'influence d'un actionnaire de contrôle ou encore qu'elle est non inscrite en Bourse.
Pour l'instant, de fait, la solution la plus réaliste et la moins intrusive, semble le Say on Pay, obligatoire dans certains cas aux États-Unis, et mis de l'avant par la Coalition pour la bonne gouvernance ici au Canada. En outre, l'accroissement de la responsabilité des administrateurs proné par le Pr Bebchuk depuis des années est un autre mode éventuel de contrôle de la rémunération, puisque, après tout, c'est le conseil qui fixe cette rémunération. À moins de procéder au contrôle direct de la rémunération par l'État...

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