lundi, février 06, 2012

Assemblées d'actionnaires hors Québec: un peu de perspective

Au cours des deux dernières semaines, la disposition de la Loi sur les sociétés par actions permettant aux sociétés de tenir leurs assemblées annuelles à l'extérieur de la province a suscité la controverse. À titre d'exemple, La Presse titrait le 13 janvier dernier: Dans une assemblée loin de chez vous?  Il me semble qu'une mise au point s'impose quant à cette question.

D'abord, étant donné les obligations d'information auxquelles sont soumises les sociétés qui sont des émetteurs assujettis, il est difficile de croire que la tenue des assemblées hors du Québec sera une façon de "cacher des choses" aux investisseurs. Le jour où une société ayant des piètres résultats financiers tiendra son assemblée hors du Québec, cette décision aura un effet négatif dans la mesure où elle vise justement à se soustraire aux questions.

Deuxièmement, force est de reconnaître que les éléments clefs des assemblées d'actionnaires d'émetteurs assujettis se retrouvent en amont de l'assemblée elle-même. L'opération de sollicitation des procurations permet aux porteurs de titres d'avoir une information étoffée sur les sujets traités à l'assemblée. De plus, le régime permet aux actionnaires de formuler des propositions qui sont intégrées dans la circulaire de la direction transmise aux actionnaires. Ensuite, les actionnaires votent sur ces propositions comme sur toutes les propositions de la direction. Puisque l'ensemble des questions principales sont soumises au vote par l'entremise du formulaire de procuration, à l'assemblée, toutes les décisions sont déjà prises. Bien sûr, des interventions sont possibles lors de l'assemblée, mais leur portée demeure limitée.

Troisièmement, en admettant qu'il soit important de préserver l'accessibilité physique aux assemblées d'actionnaires, il est hasardeux d'envisager les droits des actionnaires dans une perspective territoriale. Les actionnaires de la même catégorie détiennent des droits égaux. Qu'ils soient au Québec ou à l'extérieur de la province, ils sont le même droit de vote. Aussi, même si le siège de la société se trouve au Québec, il peut être légitime périodiquement de tenir l'assemblée hors du Québec pour permettre aux actionnaires "étrangers" de participer physiquement à l'assemblée.

Enfin, il faut reconnaître que même si les assemblées d'actionnaires se tiennent au Québec, cela ne signifie pas pour autant un accès aisé à celles-ci. Le petit actionnaire de Gaspé trouvera sûrement difficile d'assister aux assemblées d'actionnaires à Montréal. De même, le petit actionnaire montréalais pourrait trouver peu commode la tenue d'assemblées à Rouyn-Noranda. 

Les difficultés d'accès aux assemblées ont donné lieu au régime des procurations. Maintenant, la Loi sur les sociétés prévoit clairement un régime permettant l'utilisation des technologies de l'information. La solution semble plus prometteuse de ce côté.

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