samedi, février 25, 2012

Dexia et les retraites-chapeaux

Le Monde.fr, 24 février 2012 - Je vous laisse découvrir ce point de vue de M. Stéphane Lauer.
Plus d’un million de Français bénéficient d’une «retraite chapeau», selon la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA). «Et moi et moi et moi», pourrait entonner, sur l’air de la chanson de Jacques Dutronc, l’ex-PDG de Dexia, Pierre Richard. Perdu au milieu de l’anonymat de ses congénères, le patron a pu apprendre ce matin, en lisant son journal, que son ancien établissement a battu un record: Dexia est la faillite bancaire la plus coûteuse de l’histoire, en France. L’addition se monte à 11,6 milliards d’euros. Qui aurait pu croire qu’on puisse faire pire que la déroute du Crédit lyonnais à la fin des années 1990, qui elle ne s’était soldée «que» par un trou de 10 milliards? Un million de «retraites chapeau». Pierre Richard doit se sentir moins seul. Mais attention. Il y a «retraite chapeau» et «retraite chapeau». La FFSA précise que 50% des bénéficiaires touchent un complément de retraite sous forme de rente de la part de leur ancienne entreprise inférieur à 2000 euros par an. L’ex-patron de Dexia, qui a quitté son poste en 2006 avant que le château de cartes qu’il a contribué à construire ne s’effondre, est, lui, «un peu» au-dessus du lot. D’après son contrat de travail négocié à l’époque où tout allait encore bien, la «retraite chapeau» de Pierre Richard est calculée sur la base de 75% de la moyenne de son salaire brut sur ses deux dernières années d’activité.
Depuis cinq ans, le retraité perçoit ainsi chaque année plus de 600 000 euros.Par rapport aux sommes que manipulait le hedge fund, qu’il avait créé en lieu et place de la banque des collectivités locales, cette «retraite chapeau» pèse finalement peu. En 2008, le modèle économique de Dexia consistait à financer à court terme son portefeuille d’obligations de long terme en allant chercher chaque semaine sur les marchés financiers 260 milliards d’euros. C’est à la louche le montant de la dette grecque après restructuration. Forcément, dans ce contexte, on perd un peu le sens de la mesure.
Pourtant, le sens de la mesure, il serait temps de le retrouver. Pour ce faire, le conseil d’administration de Dexia va donner un petit coup de main à Pierre Richard. Le patron actuel de Dexia a annoncé, en même temps que les 11,6 milliards de pertes, qu’il allait «regarder» comment on pourrait obtenir le remboursement des sommes perçues au titre de la «retraite chapeau». Intention louable. Mais il y a encore une meilleure solution : que Pierre Richard renonce de lui-même à ses avantages. Cela n’effacerait pas le désastre, cela n’allégera pas la facture pour le contribuable. Non. Ce serait seulement une modeste contribution à la cohésion sociale de la société française. (...)
A la prochaine...

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