Le Monde.fr, 20 mai 2009 - M. Cypel offre une belle chronique dans le journal Le Monde concernant l'(in)humanité de l'économie.
D'une science dite humaine, l'économie semblait définitivement en passe de devenir inhumaine. On exagère un peu, bien sûr. On veut dire désincarnée : de simples chiffres, dont la valse enchanteresse rythmait les études des analystes - et subséquemment les pages des gazettes. Plus elles étaient "spécialisées", plus les chiffres comptaient. Le Nasdaq avait pris deux points dans la journée. L'immobilier, 3 % sur un mois. Les données mensuelles de quelques indicateurs et les résultats trimestriels des entreprises alimentaient le seul chiffre qui, au fond, comptât vraiment : l'indice Dow Jones. On aurait tant voulu que l'économie s'assimile aux sciences exactes, qu'elle puisse se résumer à des signes, et rien d'autre. Choyés, mathématiciens et physiciens imaginatifs, champions de la "modélisation" de titres boursiers de plus en plus complexes, symbolisaient la nouvelle croyance en une économie devenue quasi science exacte. Bien sûr, la passion des nombres ne s'est pas éteinte. De plus, il ne s'agit pas de basculer dans l'excès inverse. S'ils ne sont pas magiques, les chiffres de l'activité économique ne sont pas vains non plus. Mais on leur accorde désormais moins de signification instantanée ou péremptoire. Comme leur nom l'indique, ils ne sont jamais que des "indicateurs". Par quoi les remplacer ? On redécouvre soudainement une économie science humaine. Les médias sont plus attentifs aux drames quotidiens de la crise, ou aux escrocs et prédateurs qui, hier encore, faisaient florès précisément parce que personne ne s'intéressait à eux ...
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A la prochaine ...
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