Décidément le blogue vous gâte en cette fin de semaine... Voici une autre lecture qui pourrait vous intéresser : "L’Homme avant le profit : Regard d’un privatiste sur la conscience du roi de
l’Union européenne" (version préliminaire d'un futur chapitre de livre, dépôt institutionnel numérique Papyrus http://hdl.handle.net/1866/8324). Ce titre vous rappellera sans aucun doute le fameux ouvrage de Berle paru au milieu des années 50. Toujours sur la thématique de la RSE, cette analyse se porte au chevet du droit financier en se demandant si les préoccupations qui anime assurément la RSE se font ressentir sur la reconstruction du droit européen qui a lieu en ce moment dans le domaine des sociétés et de la finance... question assez originale qui est souvent laissée de côté dans la littérature académique, tant RSE et droit financier paraissent des notions à des années lumières l'une de l'autre.
Responsabilité sociale (RSE) et droit financier sont souvent perçus comme des
notions appartenant à des sphères différentes. La première serait une ouverture
sur des préoccupations de long-terme et de nature extra-financière ; la seconde
se caractériserait par une concentration sur le court-terme et une recherche de
maximisation d’un retour financier. Toutefois, si cette croyance a longtemps
prévalu en Europe, il apparaît que les temps changent. La crise financière,
économique, sociale, environnementale oblige à repenser certains fondamentaux
dont celui de l’hermétisme de la finance à la RSE. Bien qu’habituellement
l’investissement socialement responsable soit l’authentique cheval de troie de
cet intérêt du monde financier pour d’autres modes de pensées et de croyances se
résumant en une fascination pour le credo néolibéral, il nous semble que la
construction contemporaine du droit financier va bien au-delà de cette
observation. En effet, le droit des sociétés et financier que l’Europe rebâti
sur de nouvelles bases paraît animé d’un souffle nouveau... celui de la RSE.
Qu’il s’agisse de l’architecture de la finance, de ses acteurs, de son
information ou de ses principes sous-jacents, tout semble s’orienter vers une «
RSisation » de la finance européenne. À défaut d’une telle orientation, le
risque est grand pour l’Europe. À ce titre, n’oublions pas ce qu’écrivait
Simonde de Sismondi au XIXe siècle : « [C]e n’est point [...] d’une manière
absolue que la richesse et la population sont les signes de la prospérité des
États ; c’est seulement dans leurs rapports l’un avec l’autre. La richesse est
un bien lorsqu’elle répand l’aisance dans toutes les classes ; la population est
un avantage lorsque chaque homme est sûr de trouver par le travail une honnête
existence. Mais un État peut être misérable encore que quelques individus y
accumulent des fortunes colossales ; et si sa population [...] est toujours
supérieure à ses moyens de subsistance, si elle se contente pour vivre du rebut
des animaux, si elle est sans cesse menacée par la famine, cette population
nombreuse, loin d’être un objet d’envie ou un moyen de puissance, est une
calamité. »
A la prochaine...
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